Autrefois utilisé comme moyen de transport, le canot à glace est désormais une activité reconnue comme étant unique au monde. Portrait d’une pratique patrimoniale devenue sport de compétition.

L’ancêtre du traversier

La pratique du canot à glace date du début de la colonie, au 17e siècle. À l’époque, la traverse du Saint-Laurent se fait à bord d’un canot, seul moyen de transport et de communication entre Québec et Lévis. Dans les années 1860, en l’absence du pont de glace se formant sur le fleuve en période de grands froids, plus de 200 canotiers transportent passagers, marchandises et courrier d’une rive à l’autre.

L’arrivée des brise-glaces et des bateaux à vapeur à la fin du 19e siècle sonne le glas non seulement du métier de canotier, mais aussi d’une pratique traditionnelle datant de plus de 400 ans.

C’est l’aviron qui nous mène 

Le canot à glace devient discipline sportive en 1894, à l’occasion des festivités du tout premier carnaval. Malgré son succès, l’événement revient de façon épisodique seulement. Quelques compétitions ont lieu dans la première moitié du 20e siècle, mais c’est en 1955, lors de la première édition du Carnaval d’hiver de Québec, que la course en canot à glace devient tradition. 

Encore aujourd’hui, cette compétition est l’événement sportif le plus spectaculaire de la programmation. «Quand t’es canotier, si t’as une course à faire, c’est celle du Carnaval! s’exclame Éric Boudreau, responsable de l’équipe de canot à glace Latulippe. C’est un beau défi, c’est une adrénaline différente parce qu’il y a toujours au moins 20 000 personnes qui viennent voir ça. C’est un challenge vraiment excitant.»

De l’homme fort à l’athlète

Au début du 20e siècle, il fallait être doté de muscles d’acier pour affronter les glaces. Alors fabriqués en chêne, les canots étaient imposants et les participants s’exerçaient sur le fleuve quelques jours seulement avant les compétitions.

Aujourd’hui, l’embarcation est aérienne et le canotier, un véritable athlète. Il développe sa musculation en salle et s’adonne à d’autres sports d’endurance tout au long de l’année pour maintenir ou améliorer son cardio. Une discipline nécessaire pour performer dans les courses en canot, dont la préparation en équipe débute normalement en octobre. «On va ramer ensemble sur le fleuve deux fois par semaine pour se remettre dans le bain», explique sans jeu de mots Éric Boudreau. Canotier depuis 20 ans et ancien champion du monde de rafting, Éric dit attendre les premières glaces comme un enfant espère la première neige. «Quand la glace est prise, on va pousser le canot et pratiquer les transitions sur le fleuve et dans l’estuaire de la Saint-Charles. Une à trois fois par semaine, on essaie de mettre de la rame et de la glace dans notre entraînement.»

De l’importance de communiquer

Être en excellente condition physique n’est pas le seul élément à considérer pour se surpasser en canot à glace. Outre un équipement adéquat et une connaissance approfondie des mouvements qui aide à affronter les courants, une bonne communication entre les membres de l’équipe fait toute la différence, selon Éric Boudreau. «Même si la forme physique n’est plus la même à 45 ans qu’à 25, l’expérience compense. La communication joue pour beaucoup; j’aime mieux avoir mon équipe pas entraînée que de partir avec des jeunes loups. Avec mes vieux buddies, on a appris à se connaître, à être capables d’être dans le même état d’âme.»

Course en canot CMQ du Carnaval de Québec : 7 février à 13 h 30, au bassin Louise du Port de Québec

Pour consulter le calendrier des courses, rendez-vous sur le site de l’Association des coureurs en canot à glace.

Par Julie Bouchard

Image à la une: équipe de canot à glace Latulippe 


quebec-canot-dans-les-glaces-du-saint-laurent-gravure«Canot traversant le Saint-Laurent, à Québec, en hiver». L’Opinion publique, le 12 février 1870.