L’été, c’est fait pour voyager. Mais pas toujours besoin de se déplacer! La libraire Anne-Marie Genest, de la Librairie Pantoute à Québec, nous suggère trois livres signés par des auteurs sud-africain, britannique et français. Destinations : l’Inde, Amsterdam, la France, la République tchèque et… le Québec.

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Ce texte est paru à l’origine dans la revue Les libraires.

 

etearctiqueL’été arctique

Damon Galgut (trad. Hélène Papot), Éd. de l’Olivier, 378 p., 42,95 $

 

Le jeune auteur E. M. Forster s’embarque pour l’Inde en 1912, au plus fort de la domination anglaise, pour découvrir ce pays et ses habitants, mais surtout pour retrouver Masood, son ami bien-aimé. Cet exil volontaire sera pour Morgan l’occasion d’écrire ce qui deviendra son plus grand et aussi son dernier roman, La route des Indes, mais surtout de s’avouer son homosexualité. Biographie romancée, L’été arctique nous donne accès à la vie intime de Forster dans une écriture qui pourrait ressembler à celle de ses romans. En imaginant ses conversations, ses pensées intimes, Galgut arrive à faire vivre devant nous cet auteur à l’existence discrète qui s’est appliqué, sa vie durant, par respect des convenances ou par peur, à freiner ses passions.

 


miniaturisteMiniaturiste

Jessie Burton, Gallimard, 504 pages, 39,95 $ 

 

Amsterdam au 17e siècle. Tout juste mariée à Johannes Brandt, un riche commerçant, la jouvencelle Nella est peu habituée à la ville. Rêvant à l’amour, elle doit s’adapter à son sombre logis, à sa froide belle-sœur et à l’absence de son époux. Comme cadeau de mariage, ce dernier lui offre une maison de poupée qu’elle décide de meubler pour tromper l’ennui. Bientôt, du miniaturiste anonyme qu’elle a sollicité pour l’ouvrage, elle reçoit figurines et objets qui lui dévoilent les secrets de sa demeure et de ses habitants. Bien que l’auteure dresse un portrait sans faille d’époque et de société, sa force réside sans conteste dans la psychologie des personnages. Elle laisse le lecteur les découvrir au même rythme que son personnage principal et nous donne l’impression que, à l’instar d’un tableau de Rembrandt, tout est bien plus complexe qu’il n’y paraît.

 

 



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Le nénuphar et l’araignée

Claire Legendre, Les Allusifs, 104 p., 15,95 $

 

Poursuivie par l’angoisse de mourir, une femme aux tendances hypocondriaques trace le parcours de toutes ses frayeurs. Je ne connaissais pas Claire Legendre avant d’avoir lu ce roman qui flirte avec l’autofiction. Mais cette auteure n’est rien de moins qu’une révélation! Bien que teinté par la peur, le récit qu’elle nous balance à la figure est semé de réflexions plus que pertinentes sur l’angoisse, la perte, la vie et sur l’éternelle et paradoxale question que seuls les habitants les plus favorisés de la planète ont le loisir de se poser : devant la perspective inévitable de la mort, dois-je continuer ou arrêter? Le style concret, précis, bref et intense de l’auteure témoigne de son urgence de dire, de partager et, en cela, elle donne une place de choix au lecteur dans cette histoire qui, bien que personnelle, n’est jamais confidentielle.