Des cadavres, une enquête, des inspecteurs à l’hygiène de vie douteuse, des secrets, des complots alambiqués, mais surtout, du suspense… Voilà des plaisirs qu’il fait bon consommer pendant les vacances, alors qu’on a enfin le temps d’avaler des centaines de pages d’une traite. Ça tombe bien, Christian Vachon, libraire chez Pantoute, à Québec, a sélectionné trois polars de choix pour nous.

polars-1


Ce texte est paru à l’origine dans la revue Les libraires.

Deon-Meyer-En-vrille-240x386En vrille

Deon Meyer (trad. Georges Lory), Seuil, 454 p., 41,95 $

Un meurtre et beaucoup, beaucoup de mystères dans cette trépidante intrigue. Ernst Richter, créateur d’un site Internet pourvoyant de faux alibis à des amoureux commettant l’adultère, est retrouvé mort, assassiné. Une histoire de vengeance? D’argent? L’enquête, confiée à Cupido, le champion excentrique des Hawks, la super agence policière de l’Afrique du Sud, assisté de Benny Griessel, méthodique quand il n’est pas trop imbibé d’alcool, prend un tournant nébuleux au moment même où quelqu’un menace de dévoiler les noms de membres influents du site Alibi.co.za. La solution du crime, pour improbable que cela puisse paraître, se trouve peut-être dans l’histoire familiale du viticulteur du Cap François Du Toit. Deon Meyer mène avec astuce cette histoire, partant en vrille, de vignobles et de chantage, où un simple appel de cellulaire peut mener à un coupable, mais où le facteur humain prime encore, malgré tout, sur les avancées technologiques.


operationnapoleon

Opération Napoléon 

Arnaldur Indridason (trad. David Fauquemberg), Éd. Métailié, 350 p., 29,95 $

Le plus mouvementé, le plus musclé des récits d’Arnaldur Indridason, mixture tortueuse et savoureuse de suspense à la Deon Meyer et d’intrigue à la Philip Kerr, n’incluant pas (ou presque, n’en disons pas plus) son inspecteur Erlendur. Un avion survolant l’Islande, en plein blizzard, s’écrase sur un glacier à quelques semaines de la fin de la guerre, en 1945. Plus de quatre décennies plus tard, en 1999, des militaires américains, partis à la recherche de cet appareil dans une opération clandestine, n’hésitent pas à réduire au silence de jeunes randonneurs islandais qui les surprennent dans leurs manœuvres. Que cache cet avion où se retrouvaient curieusement mélangés passagers allemands et américains? Pourquoi son existence doit-elle demeurer dans les ténèbres? Indridason, en plus de nous livrer un solide thriller, accrocheur jusqu’à la dernière ligne, offre une méditation des plus pertinentes sur les rapports ambivalents entre la population et les bases américaines.

 

 


BluesdesacrifiesLe blues des sacrifiés

Richard Ste-Marie, Alire, 364 p., 27,95 $
Le sergent-détective Francis Pagliaro, enquêteur plein de sagesse de la Sûreté du Québec, ne l’a pas facile dans ce Blues des sacrifiés. Non seulement il doit résoudre un double, puis un triple meurtre où s’entremêlent mafia russe, enregistrements musicaux et mouvements radicaux islamistes, mais il lui faut aussi amadouer un témoin important en usant de beaucoup de philosophie – ça, il connaît –, un témoin qui ne porte pas la police dans son cœur. Très réjouissant et habile, ce nouveau polar énergique de Richard Ste-Marie, le doué auteur de L’inaveu et d’Un ménage rouge nous tient captif, tout en nous faisant, par une double narration, partager les émotions, parfois très contrastées, du mari de l’une des victimes et de l’enquêteur. Le romancier québécois nous fait plonger dans un univers qu’il maîtrise bien – l’ayant observé par sa profession –, celui de la musique et des pratiques illégales de ce milieu. Vous cherchez un polar à l’intrigue costaude et consistante, vous faire surprendre par une trame liant Pat Benatar et Stanley Kubrick? Richard Ste-Marie vous offre ce gage de satisfaction.