Avant l’Aéroport international Jean-Lesage, Québec a eu un premier aérodrome, beaucoup plus près de Sillery, l’aérodrome du Bois-Gomin. Une seule piste et trois hangars occupaient alors le plateau de Sainte-Foy. Des installations modestes, à l’image des pionniers du ciel qui y ont œuvré.

Le héros de l’Atlantique à Québec

En 1928, Charles Lindbergh est un dieu vivant. Celui qui a traversé l’Atlantique Nord en solitaire quelques mois plus tôt est adulé par les foules partout où il va. Une horde nombreuse se presse lors du passage du célébrissime aviateur à Québec, le 24 avril 1928.

Diverses tragédies amènent Lindbergh dans la Vieille Capitale. Floyd Bennett, un collègue et ami, souffre en effet d’une pneumonie sévère qui l’emportera dès le lendemain. Bennett, qui faisait partie de l’expédition polaire du commandant Byrd, avait été envoyé avec une équipe d’aviateurs américains à la rescousse de l’équipage d’un aéronef allemand qui avait été contraint de se poser dans une petite île de l’Atlantique Nord, au large du Labrador.

C’est donc afin d’acheminer des médicaments spécialisés à Floyd Bennett que Charles Lindbergh est venu à Québec. Son atterrissage sur les plaines d’Abraham et les nombreux avions de l’équipe de recherche qui sillonnent les cieux de Québec démontrent aux autorités locales l’importance de doter la ville d’un aérodrome. La fièvre de l’aviation vient d’atteindre la Vieille Capitale.

 

Un aérodrome pour Québec

Nouvellement formée à Québec, la Canadian Transcontinental Airways (CTA) se met à la recherche d’un terrain pouvant accueillir une piste et des hangars. Le terrain idéal est trouvé à Sainte-Foy, près du Bois-Gomin. Des travaux de terrassement permettent la création d’une piste de 3 500 pieds (1 067 mètres).

Livrer le courrier

Partout dans le monde, la première utilisation de l’aviation en temps de paix est le transport du courriel. En 1927, le gouvernement fédéral confie à la CTA le mandat de livrer le courrier sur la Côte-Nord lorsque l’hiver rend le Saint-Laurent impraticable.

C’est entre autres Roméo Vachon, un pionnier de l’aviation canadienne-française, qui effectue la livraison. Au plus dur de l’hiver, il brave la météo pour relier les villages isolés de la région. Bien souvent, il lance les sacs postaux par la fenêtre de son avion, visant tant bien que mal une cible rouge laissée au sol par les villageois.

Une fin abrupte

En 1938, en raison des coûts d’exploitation trop élevés, l’aérodrome ferme, remplacé quelques mois plus tard par le premier véritable aéroport de la région, celui de L’Ancienne-Lorette, aujourd’hui l’Aéroport international Jean-Lesage.

 

Le terrain de l’aérodrome demeure désert jusqu’après la guerre. Il est ensuite vendu au ministère des Anciens Combattants, alors à la recherche d’un terrain où construire un hôpital pour les vétérans et des maisons prêtes à héberger les familles des jeunes hommes de retour du front. Cet hôpital est aujourd’hui le Centre hospitalier de l’Université Laval. Les centres commerciaux du boulevard Laurier sont également en grande partie construits sur le terrain où se trouvait autrefois la première piste d’aviation de la région.