Derrière les grandes artères commerciales de la ville de Québec se cachent des spécialistes en aménagement qui s’efforcent de rendre des rues comme l’avenue Maguire plus attrayantes pour les citoyens, les commerçants et les visiteurs. Rencontre avec une femme qui a pour mission d’améliorer notre milieu de vie.

 

«Tu aurais besoin d’un café plus corsé si c’est Isabelle que tu es venu rencontrer», lance à la blague le patron du Grains de soleil Café. Après avoir salué son monde, Isabelle Drolet s’installe devant sa tasse. La dynamique directrice générale de la société de développement commercial (SDC) est une véritable vedette sur l’avenue Maguire.Isabelle Drolet

Débordante d’idées, elle fait défiler à toute allure sa vision de l’avenue. Elle embrasse d’un geste toute la rue par-dessus la rambarde de la terrasse où nous sommes attablés, détaille tout ce qui va bien sur Maguire, mais s’attarde principalement sur les petites améliorations qui, mises ensemble, pourraient rendre l’artère encore plus conviviale.

Plus de verdure, un meilleur éclairage, du mobilier urbain moderne, des trottoirs plus larges : tout y passe. «J’ai des rêves, des choses que j’aimerais voir se réaliser, mais parfois ce n’est pas réaliste», confie-t-elle, affichant le sourire enjôleur des utopistes qui s’assument.

Une artère en évolution

«J’ai vu l’artère évoluer et je sais qu’elle a toute sa place, toute la notoriété pour réussir. C’est seulement qu’en ce moment, il y a quelques défis à relever afin de suivre la tendance en urbanisme», ajoute-t-elle.

Quelques commerces importants ont fermé leurs portes dans les dernières années. «Ça a frappé l’imaginaire des gens. Le Starbucks, par exemple, est parti. Mais il faisait concurrence aux commerces locaux», fait-elle remarquer, regardant du côté du patron du Grains de soleil Café, affairé plus loin avec des clients. «En même temps, c’est le fun quand c’est le commerce local qui survit.»

Une avenue en santé

Une rue commerçante monotone n’est pas dynamique. C’est en ayant des commerces différents et complémentaires qu’une avenue comme Maguire peut tirer son épingle du jeu. «Il faut respecter une proportion de tiers. Un tiers restauration, un tiers services, un tiers commerces», explique la spécialiste en aménagement.

Avant d’aller au restaurant, certains peuvent flâner dans les boutiques. D’autres peuvent profiter de leur rendez-vous chez le médecin pour essayer le nouveau menu d’un restaurant de la rue. La mission d’Isabelle Drolet est d’encourager cette synergie au bénéfice des commerçants.

Un quartier qui rajeunit

Les jeunes familles s’installent de plus en plus dans le quartier. Le départ de nombreux habitants plus âgés a fait tourner la roue et permet l’arrivée d’un nombre grandissant de poussettes sur l’avenue Maguire. Un rajeunissement qui se remarque également auprès des commerçants. «La Saucisserie Le P’tit Verrat, c’est un gars dans la vingtaine qui arrive de Limoilou. Nihon Sushi, c’est Mélanie Gagné et Jonathan Labbé, qui ont des commerces au centre-ville, énumère Mme Drolet. Je pense que ça peut avoir une influence très positive et faire évoluer les choses.» Ces nouveaux commerces apportent un vent de fraîcheur qui inspire les anciens et attire une nouvelle clientèle.

Le nouveau plan particulier d’urbanisme, qui se déploiera dans les prochains mois, autorise d’ailleurs la venue de bars dans la rue. Une initiative qu’Isabelle Drolet salue. Vous l’aurez deviné, Le Dagobert ne déménage pas sur Maguire. Ce sont plutôt des établissements plus tranquilles et en accord avec l’ADN du quartier qui viendront s’établir. Mme Drolet ne cache pas son envie de voir une microbrasserie installer ses cuves à Sillery et animer les nuits de Maguire.

C’est peut-être donc une pinte à la main que vous croiserez bientôt Isabelle Drolet, prenant pour une énième fois le pouls des commerçants de sa rue.