Des premiers colons jusqu’à votre condominium, Sillery a beaucoup changé. Moulée par des générations de Sillerois, l’histoire de votre milieu de vie dans la région de Québec est fascinante. Voici le deuxième volet de notre série consacrée à l’histoire de Sillery.

Rien n’a modifié nos villes comme l’automobile. En s’installant au volant de leur première voiture, les Nord-Américains ont découvert une nouvelle manière de voir le monde. Pour les automobiles, on a chamboulé nos villes et inventé une nouvelle façon de vivre : la banlieue. Dans la région de Québec, c’est à Sainte-Foy et Sillery que la révolution se produit en premier.

Après la Seconde Guerre mondiale, la ville de Québec vient cogner à la porte de Sillery. L’arrivée du terminus de tramway sur l’avenue Maguire en 1911 a déjà permis aux habitants de faire quotidiennement la navette vers les commerces et les «factries» de la Vieille Capitale. Des prix et des loyers modiques, jumelés à une qualité de vie exceptionnelle pour les jeunes familles, attirent alors une classe moyenne à ses balbutiements, mais qui est appelée à changer Sillery.

Vivant en ville, arrivant de la campagne ou de retour des champs de bataille européens, les habitants ont de moins en moins envie de vivre à l’étroit dans les vétustes logements de Québec. 

Munis de leur automobile flambant neuve, les Québécois s’installent sur les terres agricoles et inexploitées de Sainte-Foy et de Sillery. Entre 1941 et 1956, la population de Sillery passe de 4 214 à 13 154 habitants. Une opportunité rêvée pour des promoteurs inspirés.

Parc Falaise : un paradis d’avant-garde pour les familles

Eugène Chalifour, conseiller municipal et entrepreneur, propose en 1948 de développer «un centre de voisinage, c’est-à-dire des habitations qui peuvent se suffire à elles-mêmes quant aux nécessités de la vie moderne : culte, enseignement, loisirs, approvisionnements».

On ne planifie pas le quartier n’importe comment. À une nouvelle époque correspond un nouveau standard de qualité de vie. Dans la grande cité de M. Chalifour, les espaces verts ne sont pas l’exception, ils sont la règle. Les maisons de taille modeste se trouvent sur des terrains qui nous semblent relativement étriqués aujourd’hui, mais qui représentent de véritables petits domaines pour les premiers habitants du quartier. Depliant-verso-15po

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Les maisons construites ont deux styles distincts. Le premier, puisant directement dans la tradition canadienne, est la petite maison à deux étages et à lucarnes. Le second type, presque inédit à Québec, est le bungalow, qui va bientôt héberger des millions de Québécois.

Pour M. Chalifour, il est primordial que le quartier conserve sa cohérence visuelle. Les acheteurs sont tenus de garder leur maison blanche et leur toit en bardeaux d’asphalte verdâtres. Les cordes à linge sont interdites, tout comme les clôtures. Des décisions qui ont toujours un impact majeur sur le quartier aujourd’hui. 

La rue du Colonel-Mathieu : le confort à petit prix

Près du boulevard Laurier, les terrains aujourd’hui occupés par les centres commerciaux, le CHUL, de nombreux immeubles de bureaux et le campus sont à l’époque le royaume des vaches et des navets, mais les scènes champêtres sont sur le point de céder la place à de nouveaux quartiers.

Au début des années 1950, sur des terrains vendus 1 sou et quart le pied carré à ses vétérans, le ministère des Anciens Combattants procède à la construction de 48 maisons sur les terrains du premier aéroport de la capitale, fermé depuis 1938. 

Si les maisons se ressemblent toutes un peu, c’est que les plans proviennent du catalogue de la SCHL, qui offre des plans de maisons modernes et abordables. Très prisés, les bungalows constituent la majorité des maisons construites à l’époque. 

Avec l’église Saint-Yves, reconnue pour l’audace de son architecture, le quartier s’inscrit résolument dans la modernité.

Sillery à l’avant-garde d’un nouveau mode de vie

L’arrivée des banlieues dans le paysage a résolument changé la manière dont les Québécois envisagent leur bien-être. Au fil des décennies, les banlieues prennent d’assaut toutes les villes du Québec. Ces longues rues sinueuses où s’alignent les bungalows sont maintenant la norme, mais c’est à Sainte-Foy et Sillery qu’elles ont accueilli la classe moyenne pour la première fois dans la région de Québec.