Ils ont été offerts dans un moment de grande joie. Ils étaient présents dans les mariages, les baptêmes et les anniversaires, témoins du passage du temps. Peut-être même ont-ils valsé au cou de votre grand-mère dans la salle de bal enfumée d’un transatlantique. Qu’ils aient été achetés chez Paquet-Syndicat, Birks ou en voyage, les bijoux de nos aïeux représentent une richesse familiale et collective que Jocelyne Rouleau, propriétaire de La Boîte à bijoux sur l’avenue Maguire, s’est donné pour mission de mettre en valeur. 

Les joyaux vieillissent avec les gens qui les portent. Au fil du temps, l’or et l’argent se patinent. Même le diamant le plus solide finit par s’user et peut se déchausser. Lentement, ils perdent de leur éclat et passent de plus en plus de temps dans les tiroirs. Un jour, ils déménagent au grenier, oubliés. Ce qu’ils ont perdu en valeur marchande, ils l’ont toutefois acquis en valeur sentimentale et historique. 

Des années plus tard, redécouverts, ils auront peut-être la chance d’aboutir à La Boîte à bijoux. L’échoppe exiguë, au deuxième étage d’un édifice commercial de l’avenue Maguire, accueille le visiteur par ses étals bien éclairés. Les plus anciens joyaux datent de l’époque victorienne et les plus récents, de la génération yé-yé. 

«Faire fondre un bijou mal fabriqué ou encore extrêmement usé, ce n’est pas triste, il a gagné sa croûte, explique la propriétaire, Jocelyne Rouleau. Mais faire fondre un joyau très bien fait, ce serait un sacrilège.» 

Dans son bureau derrière le comptoir, Mme Rouleau accueille sa clientèle avec les outils de son art : microscopes et autres appareils de précision. À la fois gemmologiste, diamantaire et évaluatrice, elle définit la valeur marchande et dirige la restauration des bijoux de ses clients. «Si vous avez un joyau précieux dont vous héritez de votre mère ou de votre grand-mère et auquel vous voulez donner une deuxième vie, il est très important de le faire restaurer en respectant l’époque», explique-t-elle, passionnée. 

Une restauration respectueuse 

L’art de la bijouterie et de la joaillerie s’est transformé au fil des décennies et un travail de restauration fidèle et respectueux doit calquer celui de fabrication. Les griffes qui tiennent les pierres précieuses en place, par exemple, ont beaucoup évolué. «Auparavant, les griffes étaient allongées et pointues. Elles ont déjà été carrées. Elles sont actuellement arrondies et plutôt courtes», détaille Mme Rouleau. 

Une fois l’évaluation terminée, les joyaux familiaux usés sont dirigés vers une équipe de professionnels de la remise à neuf. De nouvelles pierres sont choisies pour remplacer celles qui ont été perdues et les bijoux sont restaurés et prêts à reprendre leur place dans la vie de leurs propriétaires ou à être vendus. 

L’évaluation des legs familiaux réserve parfois de grandes surprises; des objets apparemment sans valeur peuvent s’avérer de rarissimes trésors. «Une personne m’a déjà apporté une bague léguée par sa grand-mère. Elle était horrible, mais je lui ai acheté le diamant 7000 $. Disons qu’elle était ravie», s’exclame Mme Rouleau. Évidemment, le contraire est parfois vrai, au grand dam du propriétaire déçu d’un bijou sans valeur. 

Pour tous les goûts… et toutes les bourses 

Bien qu’elle vende des bijoux de plusieurs dizaines de milliers de dollars, Mme Rouleau est catégorique : puisque sa mission est de donner une deuxième vie aux trésors des familles québécoises, tous les budgets peuvent trouver leur compte chez elle. En fait, comparativement à beaucoup de produits actuels, fabriqués sans amour en Asie, un bijou de succession peut se révéler moins cher pour une personne soucieuse de la qualité. 

Les styles antiques, dits vintage, sont d’ailleurs à la mode. C’est le cas des bagues des années 1940 et 1950, dont les gens achètent des reproductions modernes. La Boîte à bijoux offre des ornements qui ont réellement connu les Trente Glorieuses. Pour le même prix, la qualité de l’original est nettement supérieure. 

Passés de mode, les bijoux? 

De nos jours, les gens portent moins de joyaux que leurs parents et grands-parents. Mais d’après Mme Rouleau, ce changement de mœurs n’est pas près de signer l’arrêt de mort de son industrie. «Les gens plus jeunes veulent vivre une expérience plutôt que d’accumuler des biens», confirme-t-elle. 

Terminée, la boîte débordant de bijoux. La nouvelle génération souhaite plutôt posséder quelques objets particulièrement significatifs. Elle cherche des pièces de qualité prêtes à marquer les moments importants de sa vie comme elles ont accompagné ceux de leurs anciens propriétaires. Mais ça, c’est après qu’elles auront fait peau neuve grâce aux minutieuses attentions de Mme Rouleau et de son équipe.

La boîte à bijoux

1323, avenue Maguire, bureau 101
Québec (Québec) G1T 1Z2

418 687-9393